L’Arche

Et si l’Arche était sphérique ?

Et si l’arche était sphérique. C’est la première réflexion qui me traversa l’esprit après avoir conçu SPHERAVAGUE. En effet, la forme sphérique est bien la forme la plus adaptée pour supporter des conditions extrêmes. Ce n’est pas un hasard si les planètes ou les atomes sont sphériques. La sphère est évidemment présente partout sur Terre et dans l’univers. Comme la nature, nous l’utilisons régulièrement pour sa résistance à la pression, pour optimiser l’espace, pour sa stabilité sur l’eau, pour ses échanges thermiques… enfin bref, je suis convaincu que la sphère est la forme idéale pour affronter efficacement un déluge et je vais vous expliquer pourquoi.

Dès le début de mes travaux de conception fin 2015, j’assimilais ma machine, qui est une embarcation sphérique, à une micro Arche de Noé. Je n’avais pas mesuré la portée de cette image. Cette comparaison biblique avec SPHERAVAGUE allait prendre tout son sens après être tombé par hasard sur un article parlant justement de l’Arche.

Les explications qui vont suivre n’engagent que moi et elles ne sont pas le résultat de recherches scientifiques mais tout simplement mon sentiment sur la forme de l’Arche.

Tout le monde connait l’histoire de l’Arche de Noé et du Déluge décrite dans la Genèse. Depuis les années 1870, on sait qu’une même histoire, faisant aussi notion d’une arche et d’un déluge avec de nombreux détails identiques, s’était déroulée des siècles avant celle du texte de la bible. Cela voudrait dire qu’en effet, l’histoire de l’Arche et d’un Déluge a bien existé ?

Toutes ces informations, remontant à l’antique Babylone, restaient toujours très générales mais en 1985, un collectionneur apporta à l’assyriologue Irvin Finkel (Conservateur adjoint du Département des Antiquités orientales du British Museum), une tablette d’argile inscrite en sumérien (en écriture cunéiforme) vielle de 3700 ans. Irvin Finkel réussit à la décrypter en 2011 et découvre qu’elle relatait le Déluge mais surtout qu’elle décrivait en détail les caractéristiques de l’Arche. Contrairement aux idées reçues, l’Arche ne serait pas allongée et dotée d’une poupe à l’avant comme un bateau normal, mais bel et bien une embarcation ronde : Une structure circulaire !

(Source internet)

Pour en savoir plus, regardez le reportage en entier sur : https://www.dailymotion.com/video/x3y9n1o

Cette nouvelle information qui venait bousculer ce que l’on savait du mythe allait dans mon sens. Je   me suis donc   lancé à la recherche d’autres éléments qui pourraient étayer ma théorie. Dire que l’Arche était circulaire, c’est déjà un grand pas mais il faut aller plus loin. Je me suis donc posé quelques questions : Le terme circulaire ou rond ne peut-il pas signifier sphérique ? Si on regarde la définition de Rond : adjectif dont la forme extérieure constitue (approximativement) un cercle. Les Synonymes de rond sont : circulaire, sphérique, rotondité. Par exemple, la Terre est ronde, c’est-à-dire sphérique. Il faut donc se replacer dans le contexte de l’époque et se dire que si j’avais voulu dessiner une sphère sur le sable pour donner des indications à une autre personne, comment aurais-je fait ? j’aurais tracé un cercle plusieurs fois.

Dans L’épopée d’Atra-asïs, paléo-babylonien (tablette rédigée entre 1900 et 1700 av, J.-C.), le Dieu Ea (l’Enki sumérien) dit à Atra-asïs (l’équivalent de Noé) : «… Dessine le bateau que tu fabriqueras selon un plan circulaire ; Que sa longueur et sa largeur soient égales, … je suis monté sur le toit et j’ai prié…»

J’en conclus que le bateau était circulaire avec un toit, donc un bateau plutôt rond et pourquoi pas sphérique.

J’ai découvert aussi que la traduction en Hébreu de circulaire et de ronde s’écrit de la même façon à עָגוֹל. Donc il peut y avoir aussi ambiguïté sur les termes, ronde ou circulaire pouvant aussi dire sphérique.

Si on vous demande d’imaginer une embarcation dont sa longueur, sa largeur et sa hauteur soient égales, que répondez-vous ? Un cube, une pyramide, une sphère, ou autre chose…

J’imagine très bien un scribe traduire un texte ancien et le recopier dans un livre de la bible en interprétant la forme de l’Arche qui lui semble la plus normale ou la plus habituelle pour la compréhension de l’histoire. Sur des siècles, il peut toujours y avoir des pertes ou des déformations des informations d’abord orales puis écrites.

Il faut savoir qu’un bateau cubique ou avec une coque à fond plat se renversera facilement dans une mer très agitée. Donc une arche cubique semble irréaliste pour affronter un déluge.

J’en profite pour dire que la forme la plus stable sur l’eau est bien la sphère (avec son centre de gravité en dessous du centre de rotation qui est son centre géométrique ou encore son métacentre).

Les courbes ci-dessous comparent différentes formes de coque. Elles représentent l’écart horizontal entre le centre de gravité et le centre de carène appelé GZ (en m) en fonction de l’angle d’inclinaison du bateau. Le point d’intersection entre les courbes et l’axe des abscisses représente le moment ou le bateau chavire.

(Source internet)

On voit bien que la forme ronde l’emporte par rapport aux autres formes. C’est la forme carrée qui va chavirer la première (avec un angle de 40°), donc on peut éliminer une Arche cubique qui ne résisterait pas longtemps à un déluge.

La courbe ci-dessous indique le GZ pour la SPHERAVAGUE (en configuration parfaitement étanche c’est-à-dire avec tous les panneaux de pont fermés).*

On peut remarquer que la SPHERAVAGUE va chavirer à 180° mais elle se redresse aussitôt car elle est autoredressable.

Il faut aussi savoir que si je devais construire une embarcation fermée (pour être la plus étanche possible), avec une quantité de matériaux disponible (bois, goudron, …), pour y loger le plus grand nombre d’animaux et de matériels, j’aurais choisi sans hésiter de fabriquer une sphère creuse car les calculs nous montrent que c’est bien la sphère qui renferme le volume le plus grand parmi les surfaces d’une aire donnée.

Une autre piste m’amène à la définition de l’Arche. Quand on parle d’Arche, on a tous en tête une forme arrondie, une arcade d’une certaine profondeur, voûtée ou une partie d’un pont en arc comprise entre deux appuis successifs. En réalité, Arche veut dire caisse en Grec, en Latin et en Hébreu. Dans la bible, Arche se dit tebah, qui est la corbeille entièrement fermée dans laquelle Moïse fut déposé au bord du Nil. Son origine est peut-être étrangère, probablement égyptienne. On rapproche donc tebah de teb qui veut dire coffre ou sarcophage. Certains coffres égyptiens anciens étaient arrondis sur le dessus. En tout cas, ce terme Arche, nous semble évident à notre époque, mais il a probablement été mal interprété à certaines époques. C’est en cherchant dans cette direction que je suis tombé sur d’étranges représentations de l’Arche réalisées au Moyen Age. A cette époque, entre l’Antiquité et l’Époque moderne, soit entre 476 (fin de l’Empire Romain d’Occident) et 1492 après Jésus-Christ, on imaginait l’Arche en forme de cube avec un toit ou bien avec une coque souvent assez courbe. J’ai retrouvé quelques iconographies représentatives comme celles-ci :

(Source internet) Enluminure qui représente l’arche de Noé ( XII éme siècle)
(Source internet) L’Arche de Noé / Gerona Beatus

Enluminure catalane, 11me siécle.
– L’Arche de Noé.– Ill. in : Explanatio in Apocalypsim-Commentaire de l’Apocalypse et du livre de Daniel, du Beatus de Gérone
(abbé de Liébana).
Turin, Biblioteca Nazionale Universitaria. 

L’Arche de Noé, enluminure du Liber floridus (v. 1260). BNF, folio 45

Mais en cherchant bien, je suis tombé sur d’autres enluminures surprenantes. Ma théorie allait se renforcer car j’avais réussi à trouver des représentations de l’Arche de Noé en forme de sphère. J’étais très excité de savoir qu’au Moyen Age des personnes détenaient des informations précises sur la construction de l’Arche. On ne dessine pas une Arche ronde sur des manuscrits précieux par hasard. Il faut savoir que les moines ou les copistes écrivaient le texte à la main sur des parchemins et les artistes, qui étaient souvent des moines et quelquefois des nones, dessinaient ensuite les enluminures dans les espaces du texte laissés libres. Il savoir aussi que l’enluminure explique visuellement le texte pour faciliter sa compréhension. Elle permet d’éclairer et de guider le lecteur.

On peut donc légitimement se poser la question : Certains moines avaient-ils eu accès à des informations privilégiées sur la forme de l’Arche ?

Voici quelques illustrations des enluminures les plus représentatives d’une Arche ronde.

On ne peut pas rester indifférent devant ces quelques illustrations de l’Arche ronde. C’est vraiment incroyable de représenter l’Arche de Noé en forme de coque de noix. Le hasard m’avait dirigé sur cette voie et je voulais en savoir plus sur la cohérence de cette forme par rapport aux informations sur l’Arche connues à ce jour. Après avoir fait quelques calculs et des vérifications sur la construction de l’Arche, je me rendais à l’évidence que la forme ronde était bien la plus adaptée pour embarquer le maximum d’animaux et affronter un déluge. D’ailleurs, je n’imagine pas un seul instant que si un Dieu a demandé à un homme de construire un bateau ou plutôt une capsule de survie, car la fonction de l’Arche n’était pas de naviguer mais bien de mettre à l’abri des personnes et des animaux, il aurait donné des instructions sures et précises sur la construction de cette embarcation. Cet être suprême n’aurait jamais laissé se construire une vulgaire caisse qui n’aurait pas résisté aux pressions de l’eau et du chargement et qui se serait renversée à la première grosse vague.

Une Arche sphérique a dû vraiment déstabiliser, choquer et désorienter beaucoup de personnes pendant tous ces siècles. La sphère, qui est pourtant la forme originelle, peut interroger encore aujourd’hui.  A chaque sortie sur l’eau avec SPHERAVAGUE, je suis interpelé par les promeneurs. Cet engin inhabituel, qui suscite toujours la curiosité, évoque-t-il un souvenir d’enfance, avec cette forme douce et naturelle, ou bien serait-ce peut-être une représentation ancestrale enfouie dans nos gènes ?